• Mythes et rites autour des caprins

     

    Chèvre ç figure d'homme

     

    Chers ami(e)s,

    L’année lunaire qui vient de commencer dans notre terre lointaine s’appelle Mùi ou l’année de la Chèvre, un des douze animaux de notre zodiaque, du moins dans sa traduction en français bien sexiste. Mais il ne faut pas oublier le Bouc, car en vietnamien le mot , le nom commun de l'espèce animale, n'a pas de genre (tout comme le mot chinois Yang) ! Il serait plus juste d'appeler les douze lunes à venir l'année des Caprins !

    Pour certains, qui croient au tử vi (l'horoscope pour toute une vie), c’est une année très appréciée, car les enfants nés cette année seront doux, conviviaux, droits, travailleurs, persévérants, économes, avec plein d’autres qualités !

    Mais pour d’autres, les gens (surtout les hommes, mais pas seulement) nés sous ce signe sont aussi de sacrés lubriques, car ils ont du « sang de bouc » (máu dê) !

     

    Trong lòng hổ thẹn cũng vì máu dê

    Honteux dans son cœur à cause aussi de son sang de bouc 

    (Nguyễn Đình Chiểu, 1822-1888, Lục Vân Tiên)

     

     

    Par ailleurs, n'oublions pas que les caprins occupent également une place importante dans la culture occidentale, allant de la tragédie grecque au Diable cornu, comme c'est rapporté dans l’article que je me permets de vous reproduire ci-dessous. Où l’on voit que le bouc occidental est aussi lubrique que le bouc vietnamien !

     

    Par les cornes de Belzébuth, vade retro satana !

     

    Dông Phong

     

     

    MYTHES ET RITES AUTOUR DES CAPRINS

    Bien qu’ils soient évidemment de la même « famille », il convient de considérer séparément le symbolisme de la chèvre, du bouc et du chevreau, auxquels les mythologies ont prêté des valeurs différentes : 

    le bouc 

    la chèvre 

    le chevreau 

     

    Le bouc

    Le « chant du bouc » (en grec trag-ôdia ) est à l’origine du nom de la « tragédie », très probablement parce que ce type de « chant » accompagnait les rituels dionysiaques. En effet, le dieu Dionysos s’était métamorphosé en bouc pour échapper à Typhon, pris d’une furie destructrice.

    La réputation du bouc souffre fort de son odeur, de sa saleté, et de sa sexualité effrénée, qui en fait l’image même de l’érotisme brutal, de la fornication bestiale, de la luxure et de la lascivité sans réserve. Au premier siècle avant notre ère, Horace le qualifiait déjà de « libidinosus », libidineux, et Pline l’Ancien affirmait que les boucs « commencent à s’accoupler à partir de sept mois, quand ils tètent encore » (HN VII, lxxvi) ! Quant à Columelle, auteur d’un traité d’économie rurale (De re rustica), en douze livres il expose, au premier siècle de notre ère, que « le bouc est assez propre à la génération à l’âge de sept mois, puisqu’il est si peu modéré dans ses désirs qu’il viole sa mère en même temps qu’il la tète : aussi vieillit-il promptement, et avant d’être parvenu à l’âge de six ans. C’est pourquoi, pour peu qu’il ait cinq ans, on le regarde comme peu propre à couvrir les femelles » (col. VII, 6, 3-4). Les grecs anciens avaient du reste un verbe, tragízô, de la famille de trágos « bouc, libertinage », et signifiant « avoir l’odeur ou la lubricité du bouc », « être dans l’âge de la puberté », ou « muer [de la voix] ». Et le mot tragomáskalos, littéralement « dont l’aisselle sent le bouc », s’appliquait tout à la fois aux débauchés, et aux gens dotés d’une forte odeur corporelle. Un cas unique dans la mythologie est celui d’Attis, enfant abandonné qui fut élevé par un bouc selon certaines versions, ou nourri au « lait de bouc » (!) selon d’autres, ce qui lui valut son nom, dérivé du terme phrygien désignant le bouc, attagus.

    Mais cette fureur génésique du bouc fut d’abord considérée très positivement, comme la marque d’une contribution utile à la fertilité générale. La libido du bouc est telle qu’on dit, depuis l’Antiquité (notamment Pindare), qu’elle le pousse à tenter de s’accoupler – ô scandale ! – avec des femmes. Dans la mythologie grecque, le dieu du pouvoir procréateur universel, à savoir Pan, au torse et à la tête humaine, mais aux oreilles, cornes, et partie inférieure du corps de bouc, est né, durant l’absence d’Ulysse, des amours de Pénélope et d’Hermès (ou de Zeus) – lequel alors avait pris la forme d’un bouc. Et c’est également un bouc qui était offert lors de la fête quinquénale des Brauronies, en l’honneur d’Artémis.

    Certains écrivent encore que les habitants de la ville égyptienne de Mendès  vénéraient un tel animal, conservé dans un temple où on lui présentait régulièrement des hiérodules, c’est-à-dire des femmes spécialisées dans son culte, lequel comprenait éventuellement l’union avec l’animal sacré… mais c’est là répéter une erreur d’Hérodote, puisque l’animal vénéré à Mendès était en réalité un bélier. Il est vrai par contre qu’à Rome, au cours de la fête des Lupercales, les femmes étaient rituellement fouettées avec des lanières en peau de bouc ou de chèvre, afin d’assurer leur fertilité.

     

    Lire la suite sur :

    http://public.terredeschevres.fr/1_PRINCIPAL/1_1_terre/Histoire/Histoire_01mythes.html

     

     

     


  • Commentaires

    1
    Jakez
    Jeudi 26 Février 2015 à 08:20

    Je ne te remercierai jamais assez cher Dông Phong, pour tout ce que m'apportent, mes pérégrinations sur ton blog, sur notre blog incomparable !

    Vraiment que du bonheur !

    Amitiés,

    Jakez

    2
    Jeudi 26 Février 2015 à 11:47

    Je te remercie, cher Jakez, de tes bonnes paroles.

    Ce blog se veut être un "espace d'échanges culturels".

    A côté de la poésie, les contes et légendes sont aussi  les vecteurs, que je considère comme très importants, de ces échanges.

    Bien amicalement.

    Dông Phong

     

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