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Épilogue
Des Japonais ont pour compagne
Une geisha en silicone.
Mais dans mes soirées monotones
Seule ma plume m’accompagne.
Enfin :
Amis, excusez ces délires
Écrits par un pauvre vieux
Qui, esseulé, ne sait plus rire
Ni composer des vers joyeux.
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Avant-propos
Je ne suis pas bouddhiste, mais j’aime beaucoup les « Quatre Illimités » du bouddhisme : Amour, Compassion, Joie, Équanimité (Từ, Bi, Hỷ, Xả en vietnamien).
L’Équanimité, je ne l’ai jamais connue.
La Joie, je l’ai perdue.
Il ne restait que l’Amour et la Compassion pour m’aider à vivre pendant sept ans en tant qu’aidant auprès de ma chère épouse gravement atteinte de la maladie d’Alzheimer. Maintenant qu’elle est partie après ces longues années de souffrances, seul l’Amour me soutient encore.
Mais peut-être que l’Amour me conduira un jour vers la Foi et l’Espérance, selon les recommandations de Saint Paul dans sa première Épître aux Corinthiens ?
Malgré ces fortes pensées, je traîne toute la journée comme un zombie. Et le soir, seul avec ma plume, j’essaie de m’évader en griffonnant de temps en temps des quatrains, des monologues à la manière des « rubaiyat » d’Omar Khayyam (1048-1131), comme je l’ai fait pour ma publication précédente, Les monologues d’un aidant, une chronique de notre malheur.
Par chance, ma plume retrouve parfois sa vitalité pour changer de sujet et composer des textes ou des poèmes appliquant d’autres prosodies, comme autrefois.
En attendant …
Đông Phong Nguyễn Tấn Hưng
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180 pages
ISBN : 978-2-35664-157-1
Éditions Joseph Ouaknine 2020
Courriel : joseph@ouaknine.fr
54, rue du Moulin à vent
F-93100 Montreuil
Tél. : 01 48 70 06 59
En vers et contre tout
Henri Copin
Université de Nantes
Académie Littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire
La lune, les cloches, le timide géranium, la sagesse bouddhique, le clavier, la foi, le souvenir, enfants et petits-enfants : tels sont les alliés, appuis, soutiens fugaces, invoqués, évoqués, frêles appuis, dans l’adversité et le rude hiver qui gagnent Hung.
Elle, l’épouse, aimée toujours, choyée, noyée ; elle la mère, mère toujours, disparue, deuil sur deuil, enfants et petits-enfants forcément loin même présents : les tourments, tenaces, crochés à vif dans les souvenirs heureux, douleur qui ne lâche rien, et que Hung tient à distance, pas toujours, souvent.
Entre les deux : les vers, le clavier, les mots, les défis de poésie, l’autodérision, force lucide dans le désespoir. Silence et résilience du pauvre poète. Les graines germent, les enfants vivent, le soleil se lève, la lune encore, toujours, symbole en poésie d’Asie. Ouverture du pinceau, tradition de lettré, chant de la langue première, jamais perdue. Frêles poignées, fragiles bouées, dansant à la surface des ténèbres.
Et le monde, qui vit toujours, tout autour, le passé non éteint, les moments heureux restés vivaces, le tourment et l’imbécillité du monde, réfugiés, gilets jaunes et brexit, Jupiter, Idiss et l’Ankou, Kieu, Michel Serres, Notre-Dame en flammes, PSG… Le poète reste veilleur d’un vaste monde sans limites ni exclusion. Il en capte tous les signaux, messagers d’un éther infini, et tout proche.
« Le grand Omar n‘est pas un mythe » rappelle Hung, évoquant son pair en poésie, Khayyam. Comme lui, Hung veut goûter, contre l’indifférence du monde, les plaisirs les plus fugitifs.
Tout le long de ma pauvre vie
Seule a compté la poésie
Le vent et la lune enchanteurs
Sont mes plus grands amis de cœur
On lui voit bien d’autres pairs, dans sa profonde et grande famille, les poètes.
Le Ronsard en souffrances, qui gémit :
Ah longues nuicts d’hyver de ma vie bourrelles,
Donnez moy patience, et me laissez dormirEt les poètes chinois qu’il mentionne à l’occasion, Li Baï, en quête de lune lui aussi, ou Tang Yin (1470-1523) :
Au val des Fleurs de pêchers il est un ermitage
Dans l’ermitage des Fleurs de pêcher vit un immortel
L’immortel des Fleurs de pêcher cultive des pêchers
Il cueille leurs fleurs qu’il vend pour acheter du vin
Quand il est sobre il reste assis devant les fleurs
Quand il est ivre il va dormir au pied des fleurs
Son seul désir vieillir et mourir entre fleurs et vin
Contre tant d’adversité, Y a-t-il un mantra magique, demande Hung ?
Non bien sûr. Mais il délivre, en 447 poèmes la plus riche des réponses. Celle qui en creusant les ris et les maux d’un seul être, lui-même, dégage une vérité qui touche chacun de nous, entre rire et désespérance. Notre vérité.
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Khai bút năm Tân Sửu 2021
Trâu ơi, ta bảo trâu này :
Trâu sang bên Pháp tối ngày với ta,
Để mình nhớ lại thời xa,
Khi ta đưa nghé cùng ra tắm đùa.
Traduction :
Ouverture du pinceau de l’Année du Buffle 2021
Ô buffle, écoute ce que je te dis :
Viens en France près de moi jour et nuit,
Pour nous souvenir de ces temps lointains,
Quand je t’emmenais joyeusement, bufflon, prendre notre bain.
Đông Phong, 12.2.2021
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