• Des poètes de ma terre lointaine, 2008 (pp. 11-13)

    Hồ  Xuân  Hương (1)

    Une poétesse rebelle

     

    Nous ne savons pas grande chose de la biographie de cette poétesse viêtnamienne, sa vie n’étant devinée qu’à travers ses poèmes et quelques textes de ses contemporains. Nous savons qu’elle vit le jour à la fin du XVIIIe siècle près de Quỳnh Lưu, dans la province de Nghệ An. Même l’identité de son père est encore sujet de discussion : s’agissait-il de Hồ Sĩ Danh (1706-1783) ou de Hồ Phi Diễn (1703-1786), tous les deux étant des lettrés ? Ayant perdu son père très tôt, elle suivit sa mère (une ‘‘épouse secondaire’’) vivre au village de Khán Xuân, près du lac de l’Est, dans la banlieue de Hanoi : ce village était probablement à l’origine de son prénom Xuân Hương qui signifie Parfum Printanier. Très instruite, elle n’avait eu néanmoins qu’une vie amoureuse fort peu enviable : elle fut mariée au moins deux fois, mais toujours en tant qu’épouse secondaire, une fois avec le préfet de Vĩnh Tường, et une deuxième fois, après la mort de ce dernier qu’elle pleura amèrement dans un poème, avec un certain chef de canton nommé Cóc (Crapaud).

     

    Décédée probablement dans les années 1820, Hồ Xuân Hương nous a légué une soixantaine de poèmes de facture classique mais écrits en nôm, c’est-à-dire en langage vernaculaire. Ces poèmes, à première vue très anodins, décrivent des objets ou des situations banals. Mais dans une lecture plus attentive, ils chantent en réalité le sexe et les jeux de l’amour, parfois avec des images très crues, tout en exprimant des critiques féroces de l’establishment de l’époque : notables polygames, lettrés prétentieux ou bonzes lubriques. Ces poèmes offrent ainsi à Hồ Xuân Hương une place unique de ‘‘poétesse rebelle’’ dans la littérature viêtnamienne.

     

    Depuis 1964, on lui attribue aussi un recueil de poèmes écrits à la fois en chinois et en nôm intitulé Lưu hương ký (Mémoire d’exil), mais son authenticité est encore sujet de controverse.

     

     

    Cái quạt

     

    Mười bảy hay là mười tám đây,

    Cho ta yêu dấu chẳng rời tay.

    Mỏng dầy chừng ấy, chành ba góc,

    Rộng hẹp đường nào cắm một cay.

    Càng nóng bao nhiêu thời càng mát,

    Yêu đêm chưa phỉ lại yêu ngày.

    Hồng hồng má phấn duyên vì cậy,

    Chúa dấu vua yêu một cái này.

     

     

     

    Traduction :

     

    L'éventail

     

    Son nombre de dix sept ou dix huit1 

    Le fait aimer et les mains ne le quittent plus.

    Mince ou épais, il s'évase toujours en triangle,

    Large ou étroit, le tenon s'y étrangle.

    Plus il fait chaud, plus il offre de la fraîcheur,

    On l'aime la nuit, et de jour encore plus d'ailleurs.

    Rose ou poudré, son sort dépend de sa glu2,

    Mais les princes le couvrent, et les rois l'adorent, ce petit truc. 

     

     

    1 : Est-ce le nombre des lattes de l'éventail ou l'âge d'une jeune femme ?

    2 : L'éventail est formé de papier plissé fixé sur des lattes avec une colle végétale. 

     

     

     

     

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :