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Des poètes de ma terre lointaine (p. 25)
Hàn Mặc Tử (2)
Un malheureux prodige
Thức khuya
Non sông bốn mặt ngủ mơ màng,
Thức chỉ mình ta dạ chẳng an.
Bóng nguyệt leo song sờ sẫm gối,
Gió thu lọt cửa cọ mài chăn.
Khóc giùm thân thế hoa rơi lệ,
Buồn giúp công danh dế dạo đàn.
Trở dậy nôm na vài điệu cũ,
Năm canh tâm sự vẫn chưa tàn.(Thơ Đường luật)
Traduction :
Nuit blanche
De tous les côtés, les montagnes et les fleuves1 sommeillent,
Le cœur troublé, moi seul veille.
La lune, pour tâter mon oreiller, est entrée par la fenêtre,
Et le vent d’automne s’est faufilé sous la porte pour se frotter à ma couette.
Pour pleurer mon sort, les fleurs versent des larmes,
Et pour aider à ma réputation, les grillons font des gammes.
Je me lève enfin pour ânonner quelques airs du passé2,
Mais après cinq veilles3, mes questionnements intimes n’ont pas diminué.
1. ‘‘Montagnes et fleuves’’ : expression pour désigner le pays, la nation. Il faut donc comprendre ce poème allégorique comme un cri d’alarme contre l’assoupissement de la nation viêtnamienne pendant la colonisation française.
2. ‘‘Airs du passé’’ : expression tout à fait appropriée concernant la prosodie classique Tang de ce poème.
3. Dans l’ancien Việt Nam, la nuit était divisée en cinq veilles de deux heures chacune.
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