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    Fleur du mal

                      

    J’aime avec délectation

    Ce plaisir qu’on nomme poison,

    Sans pouvoir un jour m’en défaire,

    Comme le clamait Baudelaire.

     

    Pour les uns : c’est un mal profond

    Et nul espoir de guérison…

    Les bonzes et autres bons pères

    N’en voient rien dans leurs bréviaires.

     

    Tous ces fort doctes messieurs

    Déclarent mon cas peu banal

    Et veulent me changer le cœur.

     

    Car c’est toi, ma tendre chérie,

    Ma plus féroce Fleur du mal,

    J’en suis esclave pour la vie !

     

     

     

     


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    Solstice d’été,

    Mais climat d’automne.

    Tout est perturbé,

    Comme chez les hommes.

     

                         21.6.2016

     

     

     


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    Monologue 10

     

    Tous ces grands noms que j’ai connus

    Ont de mon cerveau disparu.

    Par chance il y a Internet

    Qui veut bien me les rappeler.

     

                        2.12.2015

     

     

     


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    Chers ami(e)s,

     

    J’ai le plaisir de vous annoncer la parution du très beau recueil d’images et de poèmes, intitulé « Quatre Saisons en l’île de Groix », de notre ami Philippe Dagorne, l’auteur du fameux blog Houles intimes (cliquer sur le lien éponyme de la rubrique « Liens » à droite de cette page).

    Pour lire l’annonce de cette parution, veuillez cliquer sur ce lien :

     

    https://www.facebook.com/events/1041532205902442 

     

    Dông Phong

     

     

     

     


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    Papy, conte-nous ta terre lointaine (18) 

     

     

    18. Le bétel, l’arec et la chaux

      

    - Quelle est la procession qu’on voit sur cette photo, papy ?

     

    - C’est un mariage. La jeune femme en robe jaune et le jeune homme en robe bleue qui marchent en tête sont les mariés.

     

    - Mais ils sont précédés par une jeune fille qui porte un plateau. Qu’y a-t-il sur ce plateau ?

     

    - Regardez cette autre photo en gros plan : sur le plateau, il y a des feuilles de bétel, des noix d’arec et un petit pot en porcelaine qui contient de la chaux éteinte. Maintenant, très peu de gens les chiquent encore, mais le bétel, l’arec et la chaux restent toujours ensemble comme le symbole de la fidélité. Je vais vous expliquer pourquoi.

     

    Il était une fois, à l’époque des rois Hùng, deux frères jumeaux nommés Tân et Lang qui se ressemblaient comme deux gouttes d’eau, tellement que les gens les prenaient souvent l’un pour l’autre. Ils s’aimaient très fraternellement et ne se quittaient jamais.

     

    Malheureusement, quand ils allaient atteindre l’âge de dix-huit ans, leurs parents, des cultivateurs de riz, moururent brutalement dans l’incendie qui ravagea leur ferme. Et les voilà seuls et sans maison ni ressources.

     

    Par charité, Monsieur Lưu, le maître de l’école qu’ils fréquentaient, les adopta et les recueillit dans sa maison familiale. Tân et Lang purent ainsi trouver un asile agréable tout en ayant la possibilité de continuer leurs études auprès d’un bon maître. Et pour remercier leur bienfaiteur, Tân et Lang se proposaient de s’occuper des quelques arpents de rizière que Monsieur Lưu possédait assez loin du village : « Mais nous ne négligerons pas nos études », le rassurèrent-ils d’une seule voix.

     

    Or Monsieur Lưu avait une très jolie fille, du nom de Nhân, qui était en âge de se marier. Et bien sûr, Tân et Lang en tombaient rapidement amoureux tous les deux. De son côté, la jeune fille n’était pas insensible à la cour discrète et élégante de ces deux beaux et brillants étudiants. Elle en fit part à ses parents, et ceux-ci voudraient bien la marier à l’un des deux jumeaux qu’ils appréciaient aussi énormément. Mais lequel choisir ? Ils sont si semblables !

     

    Après mure réflexion, Monsieur Lưu, qui était un homme très sage, trouva un fin stratagème. Il proposa alors à sa fille de servir le dîner aux jumeaux, avec deux bols mais avec une seule paire de baguettes, pendant que lui-même et celle-ci se cacheraient derrière les rideaux pour observer la réaction des deux frères.

     

    Effectivement, au dîner, après moult discussions de politesse, Lang offrit la paire de baguettes à Tân, pour se contenter de manger avec les mains :

     

    - À toi l’honneur de te servir des baguettes, car tu es mon aîné, dit-il respectueusement à Tân.

     

    C’était ce qu’espérait Monsieur Lưu.

     

    - C’est donc Tân l’aîné, dit-il à sa fille. C’est lui que tu dois épouser !

     

    Quelques semaines après, le mariage de Tân et de Nhân fut célébré solennellement en présence de toute la famille Lưu et de nombreux invités. Même Lang, en ravalant sa peine, manifesta beaucoup de joie et d’affection pour son frère et sa nouvelle belle-sœur.

     

    Mais dans les mois suivants, Tân, tout à son bonheur de jeune marié comblé, négligeait son frère et le délaissait souvent. Lang en souffrait beaucoup, mais toujours en silence.

     

    Un jour, Tân et Lang travaillèrent toute la journée à la rizière de Monsieur Lưu, car c’est la saison des labours, et ne rentrèrent que tard dans la soirée à la maison. Lang entra le premier pendant que Tân pansa le buffle.

     

    Croyant que c’était son mari, Nhân se jeta au cou de Lang et l’embrassa amoureusement. Lang essaya de se dégager comme il pouvait en signalant son erreur à sa belle-sœur. Ce fut alors que Tân entra à son tour dans la maison. Et en voyant son frère dans les bras de sa femme, il piqua une épouvantable crise de jalousie. Depuis ce jour-là, Tân négligeait de plus en plus son frère.

     

    Lang souffrait de plus en plus de la situation et, surtout, de l’attitude injuste de son frère. « Il faut que je m’en aille », se dit-il un jour, amèrement.

     

    Puis un matin, n’en pouvant plus, Lang mit quelques affaires personnelles dans un balluchon, et partit sur la route en courant. Après deux jours de voyage, il arriva épuisé au bord d’un grand fleuve qui lui barrait la route. Il s’assit sur la berge et mourut de douleur. Son corps fut métamorphosé en une grosse pierre à chaux.

     

    Quand Tân s’aperçut de la disparition de son frère, il fut pris de remords en se reprochant son égoïsme. Il partit immédiatement à sa recherche, et au bout de plusieurs jours de marche, il arriva aussi au bord du fleuve. Complètement épuisé, il s’appuya sur la grosse pierre à chaux pour se reposer, mais tomba raide mort. Son corps fut transformé en un palmier gracile. Cet arbre fut nommé par la suite aréquier et ses fruits, noix d’arec.

     

    Quant à Nhân, elle fut inconsolable de l’absence de son mari. En partant à sa recherche, elle arriva un jour sur le bord du fleuve. Très fatiguée, elle s’adossa sur le palmier en pleurant. Elle pleurait tellement longtemps qu’elle mourut de dessèchement. Son corps fut changé en une plante grimpante qui s’enroulait sur le palmier. Cette plante, c’est le bétel.

     

    Monsieur Lưu et sa femme s’inquiétaient sérieusement de la disparition de ces trois jeunes gens, dont leur propre fille. Ils en avertirent les autorités municipales du village qui organisèrent des recherches et des battues dans toute la région. Mais leurs efforts furent vains, il n’y avait aucune trace des disparus.

     

    Une nuit, le prêtre taoïste du village apprit par un songe toute l’histoire. Le lendemain, il emmena Monsieur et Madame Lưu, ainsi que les officiels du village au bord du fleuve, et leur montra la pierre à chaux, l’aréquier et le bétel :

     

    « Voilà ce que sont devenus vos enfants », leur dit-il.

     

    Émus, les habitants du village décidèrent d’élever sur place un petit temple à la mémoire des disparus. Sur le fronton de ce temple un panneau fut gravé avec ces caractères : Frères unis, époux fidèles.

     

    *

    *      *

     

    L’été suivant, il y eut une grande sécheresse qui détruisait toute la végétation du royaume. Seuls l’aréquier et le bétel restaient verdoyants.

     

    Ayant appris ce miracle, le roi Hùng se rendit avec toute sa cour jusqu’au bord du fleuve pour admirer les deux seules plantes encore vertes du royaume. Sur les lieux, il se fit raconter l’histoire de Tân, de Lang et de Nhân par les habitants du village qui venaient présenter des offrandes au petit temple.

     

    Intrigué, le roi fit cueillir une noix d’arec et quelques feuilles de bétel et les goûta. L’arec seul était très amer. Mais mâché en même temps qu’une feuille de bétel, le goût en devint plus doux. Tout en continuant de mâcher l’arec et le bétel, il y ajouta un grain de la pierre à chaux. Immédiatement, dans sa bouche se développa une sensation de chaleur sucrée très agréable.

     

    - Mais vous saignez, Sire, lui hurla un courtisan affolé.

     

    Le roi cracha et sa salive était en effet rouge sang. Alors un sage érudit de la cour s’approcha et expliqua :

     

    - Cette couleur rouge est le sang de Tân, de Lang et de Nhân qui se retrouvent à nouveau réunis. Le bétel, l’arec et la chaux représentent bien ce qui est écrit sur le fronton du temple : Frères unis, époux fidèles.

     

    Très ému par cette malheureuse histoire, le roi Hùng fit propager la pratique de chiquer le bétel et l’arec avec de la chaux. Les Vietnamiens qui mâchaient le bétel, l’arec et la chaux avaient la bouche et les lèvres toutes rouges, et les Chinois les appelaient des « Diables Rouges » dans l’antiquité.

     

    Cette pratique s’est perpétuée jusqu’à nos jours, bien qu’il y ait de moins en moins de consommateurs de cette chique. Mais on l’offre encore lors de certaines cérémonies.

     

    Voilà pourquoi, mes chers petits-enfants, dans les mariages, on offre toujours le bétel, l’arec et la chaux pour souhaiter une longue union harmonieuse aux mariés.

     

     

     Sources.

     

    ‘‘Sự tích trầu, cau và vôi’’ (‘‘Légende du bétel, de l’arec et de la chaux’), in Nguyễn Đổng Chi, Kho tàng truyện cổ tích Việt Nam (Le trésor des légendes et des contes du Việt Nam), op. cit., t. 1, 101-103.

     

    ‘‘Le bétel et l’aréquier’’, in Phạm Duy Khiêm, Légendes des Terres Sereines, op. cit., pp. 230-240.

     

     

     

     

     

     

     


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