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    Bonne Fête à toutes les Mères !

     

    Lòng m

                        Y Vân (1933-1992)

    Lòng m
    bao la như bin Thái Bình dt dào,
    Tình m
    tha thiết như dòng sui hin ngt ngào,
    L
    i m êm ái như đng lúa chiu rì rào,
    Ti
    ếng ru bên thm trăng tà soi bóng m yêu.

    Lòng m
    thương con như vng trăng tròn mùa thu,
    Tình m
    yêu mến như làn gió đùa mt h,
    L
    i ru man mác êm như sáo diu dt d
    N
    ng mưa sm chiu vui cùng tiếng hát tr thơ.

    Th
    ương con thao thc bao đêm trường,
    Con đã yên gi
    c, m hin vui sướng biết bao,
    Th
    ương con khuya sm bao tháng ngày
    L
    n li gieo neo nuôi con ti ngày ln khôn.

    Dù cho m
    ưa gió không qun thân gy m hin,
    M
    t sương hai nng cho bc mái đu bun phin,
    Ngày đêm s
    m ti vui cùng con nh mt nim,
    Ti
    ếng ru êm đm m hin năm tháng trin miên.

     

                                               1952

     

     

    Traduction par Đông Phong :

     

    Cœur de mère

     

    Le cœur de mère est aussi immense que le Pacifique, débordant,

    L’amour de mère est tel un ruisseau sans remous, rafraichissant,

    Ses paroles sont douces comme une rizière du soir qui murmure,

    Berceuses de mère aimée sur le perron quand éclaire la lune.

     

    Le cœur de mère est pour ses enfants la pleine lune d’automne,

    L’amour de mère est le vent qui caresse la surface de l’eau,

    Ses berceuses douces comme une flûte de cerf-volant là-haut

    Se mêlent matin et soir, malgré le soleil et la pluie, aux gazouillis de ses marmots.

     

    Par amour pour ses enfants, elle a veillé tant de nuits,

    Et quand ils s’endorment, comme elle se réjouit,

    Par amour pour ses enfants, elle se débat jour et nuit sans compter

    Ses difficultés pour les élever jusqu’à maturité.

     

    Qu’il pleuve ou qu’il vente, bonne mère ne se soucie point de son corps maigre,

    La rosée et le soleil ont blanchi sa tête remplie de peines,

    Mais elle est heureuse matin et soir auprès de ses enfants,

    Et à travers le temps ses berceuses apaisantes résonnent encore éternellement. 

     

                                     5.6.2009

     

     

     

     

     

     

     


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    Papy, conte-nous ta terre lointaine (17) 

     

    17. Quan Âm

     

     

    - Tu as beaucoup de jolies photos de ta terre lointaine, papy ! Mais pourquoi, dans les temples que tu as visités, on ne voit que des statues d’hommes ?

     

    - Mais non, mes chers petits-enfants, regardez donc cette photo-là : c’est bien une dame !

     

    - Vrai, c’est une dame ! Mais elle semble perdue parmi tous ces hommes ! Comment s’appelle-t-elle ?

     

    - C’est la déesse de la Miséricorde Quan Âm. Je vais vous raconter son histoire.

     

    Il était une fois une jeune fille d’origine modeste nommée Thị Kính qui vivait dans le royaume du Matin Calme, c’est-à-dire en Corée. Elle était très belle mais ne s’intéressait à rien d’autre que de rendre service aux personnes nécessiteuses.

     

    Sa beauté et sa gentillesse lui attiraient beaucoup de riches prétendants, mais elle les refusait tous, au grand dam de ses parents qui aimeraient bien la voir mariée pour leur offrir des petits-enfants. À la fin elle céda à leur pression et se maria avec un étudiant nommé Sĩ, de la famille des Sùng qui était aussi modeste que la sienne.

     

    Comme Sĩ était encore étudiant sans ressources propres, le couple s’installait chez les parents Sùng. Pendant que Sĩ se livrait jour et nuit à ses longues et difficiles études en vue du concours des lettrés de l’année suivante, Thị Kính faisait des petits travaux de couture pour gagner un peu d’argent.

     

    Un soir, Sĩ, trop fatigué, s’assoupit sur sa table de lecture. Alors Thị Kính abandonna son travail de couture en cours pour déplacer la lampe à huile posée sur la table afin que son mari ne se brûlât pas. En s’approchant, Thị Kính aperçut un poil qui poussait à rebours sous le menton de Sĩ.

     

    « Ce poil est un signe très néfaste ! Il faut que je l’enlève ! », se dit Thị Kính. En effet dans son pays, les gens croient qu’un tel poil porte malheur.

     

    Sitôt dit, sitôt fait : Thị Kính prit une paire de ciseaux de couturière et tenta de couper ce mauvais poil, sans faire de bruit pour ne pas déranger son mari qui dormait. Mais celui-ci se réveilla en sursaut et, en s’agitant, il se blessa à la gorge avec les ciseaux que Thị Kính tenait dans la main.

     

    - Pourquoi, veux-tu me tuer ? hurla-t-il, paniqué.

     

    Madame Sùng, qui dormait dans la pièce voisine, se précipita dans la chambre du jeune couple. Et en voyant la gorge ensanglantée de son fils qui criait, elle accusa violemment Thị Kính de tentative de meurtre. Il faut dire aussi qu’elle n’avait jamais apprécié que Thị Kính lui avait « pris » son fils unique.

     

    Thị Kính expliqua calmement à sa belle-mère et à son mari ce qu’elle avait voulu faire : simplement couper le mauvais poil du menton de son mari pour lui éviter tout malheur potentiel. Mais il n’y avait rien à faire, les faits étaient si évidemment contre elle. Le lendemain, elle fut chassée de la maison des Sùng.

     

    Thị Kính retourna vivre chez ses parents, où personne n’eut pitié d’elle, même pas ses propres parents qui en avaient très honte. Toutes ses anciennes amies ne voulurent plus avoir des relations avec une « sale meurtrière », comme elles l’appelaient.

     

    Méprisée et abandonnée de tous, Thị Kính était désespérée. Un matin, elle s’habilla de vêtements masculins et alla frapper à la porte de la pagode du village pour demander asile. Le bonze supérieur l’accueillit avec compassion, lui confia les travaux d’entretien du temple, et enfin lui permit d’étudier comme apprenti-bonze sous le nom de Kính Tâm (Cœur Respectueux). Mais, même déguisée en homme, Thị Kính allait être de nouveau poursuivie par son mauvais sort.

     

    La pagode, qui avait une grande renommée, était très fréquentée par les fidèles, principalement au 1er et au 15ème jour de chaque mois lunaire. Lors d’une cérémonie, une jeune fille remarqua la beauté du jeune bonzillon Kính Tâm et en tomba follement amoureuse, bien qu’elle sût que les bonzes, même apprentis, devaient faire vœu de célibat. Elle revenait souvent à la pagode et harcelait Kính Tâm de ses charmes. Mais Kính Tâm déclinait fermement ses avances.

     

    Au bout de quelques mois de séduction inutile, la jeune amoureuse éconduite devenait complètement hystérique. Puis, une nuit, toute frustrée, elle se donna sans plaisir à un voisin qui la convoitait depuis longtemps. Et elle en tomba enceinte.

     

    Neuf mois après, cette perverse accoucha en cachette d’un beau petit garçon dont elle ne savait que faire. Elle le déposa à la porte de la pagode avec une petite lettre déclarant que le bonzillon Kính Tâm en était le père. Kính Tâm ne pouvait que se taire, de peur de révéler son état de femme. Sa résignation était comprise par tous les bonzes présents comme un aveu de son forfait.

     

    Devant un tel scandale, Thị Kính fut chassée de la pagode avec l’enfant dans les bras. En outre, toujours dans ses habits d’homme, elle fut traduite devant le tribunal provincial qui la condamna à être fouettée en public de 50 coups de rotin.

     

    Abandonnée par tous, Thị Kính, toujours déguisée en homme, allait errer dans toute la région pour mendier de quoi nourrir « son » enfant. Malgré ses souffrances à la fois physiques et morales, elle serrait les dents pour supporter les insultes et les railleries que lui adressaient les passants. Sa seule consolation était l’enfant qui la suivait partout et qu’elle élevait dignement en dépit de leur pauvreté.

     

    Au bout de six ans d’errance et de mendicité, l’enfant a bien grandi. Mais Thị Kính était épuisée. Un soir, très malade, elle revint à la pagode pour demander de l’aide. Mais c’était trop tard, et avant que les bonzes pussent faire quoi que ce fût, elle s’affaissa et mourut.

     

    Le lendemain, en faisant la toilette de son cadavre en vue d’un enterrement de charité, les bonzes s’aperçurent avec surprise que leur ancien confrère Kính Tâm était en réalité une femme. Alors le Bouddha apparut et leur dit :

     

    - Voilà une sainte femme. Elle mérite que je la nomme Quan Âm, la déesse de la Miséricorde.

     

    Quan Âm signifie en effet Celle qui voit et qui entend les misères du monde. Depuis cette déclaration du Bouddha en sa faveur, le culte de la déesse Quan Âm s’est propagé de la Corée à tous les pays d’Extrême-Orient, Chine, Japon, Viêt Nam, etc…C’est pourquoi l’on voit sa statue dans presque toutes les pagodes.

     

    Ainsi, mes chers petits-enfants, si un jour vous avez de la peine, faites une petite prière à Quan Âm, et elle vous viendra sûrement en aide !

     

    Et quand vous subissez une injustice calomnieuse, dites : « c’est comme l’injustice subie par Thị Kính ! ». C’est une expression qui est utilisée dans le langage courant de ma terre lointaine.

     

     

    Sources.

     

    ‘‘Quan Âm Thị Kính’’, in Nguyễn Đổng Chi, Kho tàng truyện cổ tích Việt Nam (Le trésor des légendes et des contes du Việt Nam), op. cit., t. 2, 1377-1380.

     

    ‘‘La sainte à l’enfant’’, in Phạm Duy Khiêm, Légendes des Terres Sereines, Taupin et Cie Éditeurs, Hanoi, 1943, pp. 27-32.

     

     

     

     


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    Monologue 8

     

    Comme il m’embête ce crachin

    Qui me renvoie à mon Tonkin !

    Je n’avais pas d’imperméable

    Et c’était très désagréable !

     

                        27.11.2015

     

     


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    Que du vent !

     

    Il y aurait beaucoup de choses

    À apprendre, en vers ou en prose,

    Des fameux penseurs du passé

    Qui devraient nous déniaiser.

     

    J’ai rêvé d’atteindre la gnose,

    Ou, du moins, une bonne glose

    Qui veut bien sans fard expliquer

    Notre piètre humanité.

     

    Certains disent : c’est le karma,

    Et d’autres : une loterie !

    Où est la Voie ? Je ne vois pas.

     

    Alors pourquoi perdre du temps

    À parcourir les librairies ?

    Les gourous n’offrent que du vent !

     

     

     


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  • Papy, conte-nous ta terre lointaine (16) 

     

    16. La montagne de la Femme

    qui attend son mari

      

    - Et cette photo, papy ? On dirait une statue posée au sommet de la montagne !

     

    - Vous avez raison, mes chers petits-enfants. On l’appelle Vọng phu ou la Femme qui attend son mari. Voici son histoire.

     

    Il était une fois un couple de paysans très pauvres qui avait deux enfants : l’aîné était un garçon de onze ans, la deuxième une fille de six ans. Chaque fois que les parents partaient travailler dans leur rizière ou à un autre endroit, ils laissaient leurs enfants à la maison, en recommandant à l’aîné de bien s’occuper de sa petite sœur. Un jour, avant de s’en aller, la mère leur remit une canne à sucre en disant à l’aîné de la découper et la décortiquer pour leur goûter. Elle lui dit aussi, comme d’habitude : « Ne fais pas pleurer ta sœur, sinon ton père te battra à mort à notre retour ! ».

     

    Après avoir joué dans la cour avec sa sœur et des amis du voisinage, l’aîné ramena sa sœur à la maison pour chercher un couteau afin de préparer la canne à sucre. Malheureusement, quand il leva le couteau pour trancher la canne, la lame s’échappa du manche et se planta dans la tête de la petite fille. La gamine s’évanouit, en versant beaucoup de sang sur le sol. Le frère épouvanté se dit : « Mon crime est énorme, Père va me battre à mort à son retour ». Laissant sa sœur dans cet état, il s’enfuit hors de la maison.

     

    Il courut et marcha sans arrêt pendant des jours et des nuits. Sur son chemin d’exil, il restait par ci, se liant à de nouveaux amis par là. Après plus de quinze ans, il ne savait plus combien de pays il avait traversés, dans combien de maisons il avait trouvé sa pitance. A la fin, il fut adopté par une famille de pêcheurs. Il s’arrêta là, gagnant sa vie en devenant pêcheur.

     

    Les jours passaient les uns après les autres. Puis un jour, il se maria avec une jeune femme. Elle était aussi très adroite de ses mains pour tresser les filets de pêche. Chaque fois qu’il revenait de la pêche, il lui donna les poissons pour aller les vendre au marché voisin. Deux ans après, ils eurent un enfant et vivaient dans un grand bonheur.

     

    Ce jour-là, comme la mer était très agitée, le mari resta à la maison pour raccommoder ses filets. Après le repas de midi, la femme déploya ses longs cheveux pour demander à son mari de l’aider à attraper les poux. Il vit alors que sa femme portait au-dessus de son oreille droite  une cicatrice aussi large qu’une grande pièce de monnaie. Il s’en étonna, car les longs cheveux noirs de sa femme avaient caché cette cicatrice de la vue de quiconque, y compris de lui-même, son mari. Il lui demanda l’origine de la cicatrice, et sa femme lui répondit de bonne humeur :

     

    - Un jour, il y a plus de vingt ans, quand j’étais encore une toute petite gamine très ignorante, mon frère voulut trancher une canne à sucre. Mais hélas, la lame de son couteau s’est détachée et m’a provoqué un grave accident. Je me suis évanouie. C’est longtemps après que j’ai appris que des voisins étaient venus à mon secours jusqu’à ce que mes parents absents revinssent m’emmener me faire soigner chez un médecin. Je fus heureusement sauvée pour pouvoir revoir mes parents. Néanmoins, j’ai perdu mon grand frère qui, paniqué, s’est enfui. Mes parents le cherchaient partout mais sans résultat. Par la suite, rongés par le chagrin d’avoir perdu leur fils, mes parents tombèrent malades et moururent l’un après l’autre. Quand à moi, je n’avais plus personne comme soutien, et en plus, de méchantes gens se sont accaparé de nos maigres biens puis m’ont vendue à un bateau de marchands. Je n’étais plus en sécurité nulle part, jusqu’à ce que j’ai eu le bonheur de te rencontrer…

     

    Dans le dos de sa femme, l’homme blêmit en comprenant qu’il a épousé par ignorance sa propre sœur. Son cœur fut d’autant plus déchiré qu’il avait appris par la même occasion la mort de ses parents dans leur pays natal. Mais il maîtrisa son émotion, gardant pour lui seul son secret, sans en parler à sa femme.

     

    Quelques jours après, la mer redevint calme. Mais le cœur du pêcheur ne l’était pas. Comme d’habitude, il partit pêcher en mer sur son bateau avec ses filets. Mais ce fut un départ sans retour.

     

    La femme restée à la maison s’épuisa de jour en jour à attendre le retour de son mari. « Pourquoi, se disait-elle, les autres pêcheurs rentrent-ils tous les soirs, alors que je ne vois point revenir mon mari ? Pourtant, mon homme est travailleur et honnête, et il m’aime autant qu’il chérit notre enfant. C’est vraiment incompréhensible ! ». Chaque soir, avec son bébé dans les bras, elle montait sur la montagne qui domine la mer pour guetter le retour de son mari, scrutant l’horizon qui s’effaçait lentement dans la nuit.

     

    Trois mois passaient, puis six, puis neuf mois. Bien qu’elle n’eût plus de larmes à verser, elle n’oubliait pas de grimper chaque soir sur la montagne avec son enfant dans les bras pour attendre son mari. Sa silhouette devenait peu à peu familière aux habitants de la région qui continuent aujourd’hui de la voir avec son enfant, pétrifiés tous les deux au sommet de la montagne.

     

    Cette femme en pierre, on la voit toujours au sommet de la montagne. On l’appelle Vọng Phu ou la Femme qui attend son mari.

     

     

    Sources.

     

    ‘‘Sự tích đá Vọng phu’’ (‘‘Légende du rocher de la Femme qui attend son mari’’), in Nguyễn Đổng Chi, Kho tàng truyện cổ tích Việt Nam (Le trésor des légendes et des contes du Việt Nam), op. cit., t. 1, 273-280.

     

    ‘‘La Montagne de l’Attente’’, in Phạm Duy Khiêm, Légendes des Terres Sereines, Taupin et Cie Éditeurs, Hanoi, 1943, pp. 49-55.

     

     

     

     

     

     


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